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21 juillet 2008

J'aurais ...

... pu écrire ...


Il fait chaud et orageux en ce début du mois de juillet 1978.
La ville organise son salon de la BD depuis quatre ans mais n'imagine pas encore quelle renommée il aura, trente six ans plus tard.
Et ce n'est que dans quelques années aussi que la jolie cité de province sera jumelée avec Ségou, au Mali.

Aujourd'hui à Angoulême, Virginie habite un pavillon tout juste construit dans ce lotissement où toutes les maisons se ressemblent.
L'univers de la jeune fille est calme, rythmé par ses succès scolaires qui ravissent ses parents et les sorties en centre ville du samedi après-midi.
Elle y retrouve ses amies de lycée pour fumer et boire des cafés à la terrasse de leur bar favori.
Leurs préoccupations sont futiles. Les suites de la mort de Claude François au printemps les passionnent toujours. 
Mais insidieusement, Virginie commence à se détacher du groupe. Ses pensées s'évadent accompagnant les fumées au-dessus des tasses. Elle rêve de vacances et surtout de ce garçon entr'aperçu derrière la vitrine du magasin de disques. 
Elle s'est renseignée, a glané quelques informations sur lui. A cause de cette boucle d'oreille, il est surnommé le seigneur des anneaux ...


... Et puis pendant le week-end, c'est elle qui s'est amusée à écrire une autre histoire ...

Les Scorta étaient la plus vieille famille installée dans la région. Ils étaient connus de tous. Chacun ici avait une anecdote à raconter sur eux selon l'époque, la génération, l'Histoire.
Tout le monde savait qu'ils étaient d'origine italienne mais en revanche, personne ne connaissait la réalité sur leur venue en France, à cet endroit, dans cette maison.
Ce qui se disait avec certitude, c'était le nom de leur maison, cette demeure isolée au milieu du champ de personne. Elle se nommait "le soleil des Scorta". Le reste de l'histoire variait et se multipliait au gré des narrateurs.

Ils avaient formé une famille nombreuse : la mère, le père, les trois enfants et la grand-mère paternelle venus pour des vacances en France mais l'époque restait vague.
Maintenant, il ne reste qun vieil homme au "soleil des Scorta". Et aujourd'hui, une toute nouvelle venue dans cette campagne, se dirige vers lui, pour elle aussi, essayer de deviner les secrets de la famille.
Elle s'appelle Amour et venant de Ségou, elle est devenue malgré elle, le nouveau sujet de discussion des habitants. Mais son histoire fera l'objet d'un autre récit ...

Mettant pour la première fois les pieds sur cette terre, elle sentit en elle une force incroyable. De celle déjà un peu ressentie en débarquant en France.
Et ce fut la première confidence que lui fit le vieil homme, le dernier des Scorta. Il lui confia comment son ascendant avait ressenti la même chose. Il lui fit apposer ensuite la main sur la porte d'entrée du soeil. Il l'observa, elle lui sourit. Alors seulement, il raconta.

Même pour lui, la date précise était inconnue. Probablement à la fin du 19ème siècle.
Mais il était certain de la raison. Sa famille avait quité l'Italie pour un séjour en France lié à la maladie de la grand-mère, des vacances en quelque sorte pour les autres membres du clan.
Issu de la noblesse italienne, ils étaient cultivés et connaissaient les régions aux vertus apaisantes de la France. Outre le dépaysement, ils s'émerveillèrent tout au long de leur voyage les menant jusqu'ici.
Arrivés à la destination qu'ils avaient pressentie, ils rencontrèrent des paysans qui les hébergèrent les premières nuits. On leur raconta les légendes du pays, tout particulièrement celle de cette bâtisse isolée et abandonnée à flanc de montagne. Dès le lendemain, ils s'y rendirent suivant les indications données.
Ils marchèrent donc sur le champ de personne. On leur avait expliqué cette appellation car il n'appartenait depuis bien longtemps ... à personne, étant infertile.
Mais déjà ils accélérèrent leurs pas, se sentant poussés par une force inconnue jusqu'à la maison qu'ils découvrirent délabrée. Le père de famille, un grand sourire aux lèvres posa alors la paume de la main sur la porte. Et jamais dans sa vie, il n'avait connu une si grande félicité. Courageux, il pénétra dans l'ombre et déclara, d'une voix qu'il ne maîtrisa pas, que cette maison serait la leur. Personne ne le contredit. Chacun sentit en lui cette force lui intimer la même conviction.
Les jours suivants, ils avaient oublié le but de leur voyage, la maladie devenait inexistante.
Les paysans alentour virent ainsi le bonheur et le soleil irradier de cette maison qui leur faisait tant peur auparavant. Ils surnommèrent le maître des lieux, le seigneur des anneaux à cause de ses riches bijoux aux doigts. Sa femme était devenue le soleil elle-même, donnant naissance à des astres, huit au fil du temps comme les planètes. Ils gravitaient dans le champ de personne comme autant d'étoiles.
La grand-mère mourrut plus que centenaire et dans le champ était érigée une statue à son effigie.
A la fin du récit, Amour se rendit jusqu'à l'endroit qu'elle n'avait pas remarqué à son arrivée.
Sans doute, parce qu'elle en connaissait maintenant l'origine, elle pouvait dorénavant la voir. Elle s'assit sur le socle de marbre, regarda autour d'elle, se sentant heureuse d'être là.
A ses pieds, une famille de hérissons cheminait tranquillement. Ils lui semblèrent tout guillerets.
Soudain, elle explosa d'un rire joyeux à imaginer qu'à la mort du dernier des Scorta, la maison deviendrait le domaine de cette espèce de petits mammifères piquants. Son nouveau nom serait alors "l'élégance du hérisson" en hommage à leur charme.
Sauraient-ils découvrir la magie des lieux ?

 

La règle du jeu a été donnée par Akynou.
Il fallait utiliser : 
Le seigneur des anneaux
Ségou
Le soleil des Scorta
l'élégance du hérisson
le champ de personne

Écrit par Madleine dans Blog rural, Lecture champêtre | Commentaires (3)

Commentaires

Beaucoup d'émotion à vous lire,en relation avec le contenu des romans proposés.merci!

Écrit par : jeanne | 21 juillet 2008

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Merci Jeanne !

Petite précision pour la compréhension : j'avais commencé l'histoire de Virginie et par manque de temps ne l'ai pas continuée.
Anna a écrit une tout autre histoire.
Deuxième précision pour qui ne sait pas : Anna est ma fille.

Écrit par : Madeleine | 21 juillet 2008

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Tu t'en sors de façon magistrale

Écrit par : mab | 22 juillet 2008

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Les commentaires sont fermés.