13 janvier 2006
Son jardin ...
... Traou dans sa note Cueillette, tu parles ... m'a immédiatement rappelé le jardin de mon grand-père ...
Pour savoir qui il est, il faut se reporter à la fin de ce billet-ci où je l'évoque sous le nom de Pépé.
Il est né en 1906 dans une famille de paysans assez aisés pour l'époque car propriétaires de leur ferme. Fils unique, il avait une mère tyrannique et peu maternelle dont je me rappelle. Elle est morte lorsque j'avais douze ans et elle-même quatre-vingt dix-huit. Il faut croire que la méchanceté conserve !
Mon grand-père assez autoritaire lui-même a certainement peu rendu heureuse ma grand-mère. Parce qu'elle ne lui a pas donné d'enfant ?
Je crois que c'est elle qui n'a pu en avoir d'après ce qu'elle en disait. Etait-ce plus facile de rendre la femme responsable plutôt que l'homme de cette situation ?
Pour moi, en revanche, il a été un grand-père dont je me souviens avec tendresse surtout pendant mes années d'enfance où je le voyais régulièrement. Il faut dire qu'il imposait à mes parents des visites dominicales soit chez lui, soit chez moi !
Bien sûr, je préférais les dimanches après-midi chez mes grands-parents où je pouvais regarder la télé ou jouer à cache-cache avec mon oncle dans le jardin de mon grand-père.
Petite précision sur celui que j'appelle mon oncle : il s'agit d'un autre garçon que Mamie et Pépé ont accueilli bien après mon père puisqu'il a seulement sept ans de plus que moi. Il me permettait et je lui permettais de nous évader ensemble dans ce monde d'adultes qui nous entouraient. J.J. me choyait et nous avions des rapports de frère et soeur puisque mon premier frère est né lorsque j'avais 8 ans et demi. Ensuite, vers ses quinze ans, il m'a délaissée pour ses copains ... mais mon petit frère arrivait !
Le jardin de mon grand-père était immense, avec beaucoup d'arbres et d'arbustes : des cassissiers, des groseillers, des framboisiers, des cerisiers (cerises aigres, bigarreaux), des pommiers, des poiriers, des pruniers, une treille. Il cultivait avec passion des fleurs (pourpier, désespoir du peintre, pivoine, muguet, tulipe, oeillet d'Inde, lupins, roses de Noël, ...) ou des arbustes fleuris (lilas, rosiers anciens, boules de neige, ...) et bien sûr des planches entières de légumes dont ma grand-mère faisait des conserves pour l'hiver. Mumm ... ses asperges au mois de mai ! Je me souviens que Pépé me laissait cueillir et manger les fraises sur place. J'étais bien la seule à avoir ce privilège :) Mamie avait le droit de m'offrir un énorme bouquet de fleurs pour mon anniversaire alors qu'elle-même ne pouvait fleurir sa maison ! Les fleurs devaient avant tout embellir son jardin ...
Il y avait également dans cet espace un puits dont les alentours m'étaient interdits mais dont je m'approchais avec délice et effroi lorsque mon grand-père y puisait de l'eau avec le seau pendu au bout de la chaîne ...
Moins agréable pour la petite-fille étaient les cabinets situés dehors à côté des clapiers à lapins. Je crois que je m'arrangeais pour ne pas avoir d'envie pressante lors de mes visites chez mes grands-parents !
Il y avait aussi le poulailler dont s'occupait ma grand-mère et dont les oeufs frais étaient pour moi et J.J. en premier.
A côté, elle avait son lavoir où elle s'occupait de son linge mais je l'ai peu connu en fonction car elle a quand même eu ensuite une machine à laver.
Pépé me laissait aussi descendre avec lui dans sa cave où étaient entreposés ses bonnes bouteilles, les conserves et confitures de Mamie et surtout ses tonneaux de vin produit par sa vigne. Pour les vendanges, je crois qu'un billet s'imposera !
Son jardin ressemblait aux illustrations et photos représentant ce qu'on appelle les "jardins de curé". Il y avait des petites allées où se faufiler pendant les parties de cache-cache, des branches d'arbres couvertes de fleurs faisant une ombre apaisante en été, un banc entre deux souches d'arbres qu'il avait fabriqué pour se reposer au milieu d'une séance de binage. Il portait un grand tablier bleu pour aller au jardin et enfilait la paire de sabots posés à côté de la porte de la maison. Il ramassait ses légumes dans des paniers en osier et dans de grands cabassons en bois qu'il fabriquait. J'ai dans ma maison un exemplaire de chaque.
Il est parti en 1993 et ma grand-mère cinq ans auparavant ... Plus rien n'était déjà pareil ...
Des années plus tard, lorsque j'ai eu un bout de terre pour jardiner, j'ai repensé à lui ...
Ces photos ont été prises en 2004 dans mon précédent jardin.
La récolte de tomates en fin d'été
Les couleurs de l'automne
Une toile d'araignée, la rosée et un écrin de verdure
Un portail bleu fabriqué maison dans un jardin plus ancien
Écrit par Madleine dans Jardin bucolique | Commentaires (9)
Commentaires
Oh, comme ce jardin me fait rêver... Je crois que je viendrais m'y reposer de temps en temps en regardant tes photos. Et moi aussi, cela me rappelle des souvenirs d'enfance, plein de parfums, de fruits cueillis-mangés, de rosée, de cache-cache...
Qu'est-ce que c'est le "désespoir du peintre" ?....
Écrit par : Traou | 13 janvier 2006
Répondre à ce commentaireTraou : des infos ici http://www.aujardin.info/plantes/heuchere.php
"Désespoir du peintre" car très compliqué à dessiner je crois !
Écrit par : en campagne | 13 janvier 2006
Répondre à ce commentaireQue de souvenirs me reviennent en te lisant... J'ai connu un jardin pareil... Celui de mon oncle, frère de ma mère. Il a 84 ans et son jardin est toujours une pure merveille pour les yeux et le palais.
Dans ma famille maternelle, il est d'usage d'alterner rang de "comestibles" et rang d'"ornements". Les sabots sont à la porte du jardin et les cabassons également. Il y a le cabasson pour les fraises, groseilles et autres framboises, celui des salades et des tomates, celui des légumes sortis de terre... et puis les paniers en osier pour les pommes de terre, les truffes comme on dit dans ma famille paternelle.
Et puis les fleurs... Ah les fleurs ! Ces merveilles de pureté que mon oncle sait si bien faire pousser... Dahlias, glaieuls, chrysanthème soleil, anémones, centaurée...
Je m'arrete là, je pourrais en écrire durant de longues, très longues minutes...
Merci de ce moment de nostalgie, mais de la bonne, celle qui me fait sourire, briller les yeux...
Écrit par : Erin | 13 janvier 2006
Répondre à ce commentaireBelle balade dans le temps et les jardins, en ce matin gris de janvier. Bien sûr, cela me fait penser à mes grands-parents mais en moins rustique (une machine à laver? du jamais vu dans le minuscule village de mes grands-parents).
Écrit par : alice | 14 janvier 2006
Répondre à ce commentaireOui, le désespoir du peintre, je pense que c'est dû à la difficulté qu'a le peintre.
Bon week-end à toi.
Écrit par : Pralinette | 14 janvier 2006
Répondre à ce commentaireErin : je vois que tu sais aussi ce que sont les cabassons ! et les truffes ;-)
Alice : je me rappelle qu'ils avaient un réfrigérateur mais qu'il était en fonction seulement en été ! le restant du temps, ma grand-mère conservait les aliments dans ce qu'elle appelait le cellier : petite pièce non chauffée derrière ce qu'elle appelait son arrière-cuisine ! Ils avaient une maison pleine de "rabicoins" :)
Praminette : bon week-end aussi, là je pars ...
Écrit par : en campagne | 14 janvier 2006
Répondre à ce commentaireOn pourrait faire des blogs entiers de photos de jardins sans jamais s'en lasser...
merci de ces belles couleurs
Écrit par : anouchka | 15 janvier 2006
Répondre à ce commentaireOui une belle balade, et une bonne évocation du jardin.
Merci. J'aime bien quand les jardiniers pensent aussi aux fleurs. Un potager c'est bien, mais y ajouter des fleurs !
Écrit par : Fauvette | 16 janvier 2006
Répondre à ce commentaireAnouchka : j'ai d'autres photos en réserve en attendant le prochain jardin.
Fauvette : Ah les fleurs du jardin :) C'est un peu comme les légumes : mieux que dans les magasins !
Écrit par : en campagne | 16 janvier 2006
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