UA-41594557-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22 novembre 2005

Filiation (3)

Le côté maternel ayant été évoqué ici et
, je vais poursuivre mes histoires du passé en tentant de raconter la vie de ma grand-mère paternelle (puis celle de son fils) ...

Elle est née en 1900 dans un petit village de l'Yonne.

Elle s'appelait Gisèle.
Mais c'est le peu de choses que je sais d'elle ... Parce qu'il est encore temps que je me renseigne auprès de quelqu'un, je ferai peut-être un effort pour cela ... je dirai comment à la fin de cette note.

Elle s'est mariée sans doute en 1920 et en 1922, elle devient la mère d'une petite P........
Elle habite toujours au même endroit. Mais l'histoire tourne court à la suite de la mort du mari. Les séquelles de la grande guerre étaient trop présentes pour beaucoup d'hommes de cette génération !
La petite fille n'avait alors que 8 ans ... Sa mère pour subvenir à ses besoins, va "se placer" (comme on disait à cette époque) comme bonne à tout faire chez un homme riche, veuf et père d'une petite fille. Vous devinerez sans doute ce qui va arriver ?
En 1934, elle quitte la région et se rend en banlieue parisienne, peut-être accueillie chez une de ses soeurs mise dans la confidence !
Au mois d'août, elle met au monde un garçon qu'elle prénommera R... et qui sera déclaré sous son nom patronymique. Sur l'acte de naissance de mon père figure seulement ces renseignements ainsi que le lieu de naissance : un hôpital dans le 12ème arrondissement parisien ... D'après les documents officiels de l'Assistance publique, il est informé qu'il a été abandonné à l'âge de 15 jours ... et qu'il ne doit pas être baptisé ...

Après, on ne sait pas trop ce qui s'est passé pendant sa tout petite enfance. Il a dû vivre dans des orphelinats puis est arrivé dans la Nièvre vers l'âge de deux ou trois ans. Il est placé dans différentes familles. Dans une, il y reste très peu de temps car ces personnes le font baptiser ! La sanction est alors immédiate.
On le change d'endroit et il atterrit en 1940 chez une vieille dame, veuve et mère de deux grands enfants, mariés tous les deux.
Nous sommes en pleine guerre. Le gendre de cette dame est prisonnier en Allemagne alors sa fille revient vivre près de sa mère. Elle est mariée depuis 1929 mais n'a pas eu d'enfant. Elle a 29 ans et ce petit garçon de 5 ans qui n'a encore jamais dit "Maman" va décider de l'appeler ainsi ! La vieille dame sera appelée Mémère puisque c'est ainsi qu'il entend faire ses deux petits garçons : les enfants de son fils qui passent beaucoup de temps chez elle. Son fils et sa belle-fille habitant en région parisienne, envoient leurs enfants chez leur grand-mère à la campagne où les effets de la guerre sont atténués.
Les trois garçons vont devenir des compagnons de jeux inséparables, maternés par une jeune femme en mal d'enfant, chouchoutés par une grand-mère affectueuse.
Mon père restera donc dans cette maison. La guerre finie, la "Maman" retrouvera son mari et une autre maison mais n'emmènera pas avec elle le petit garçon. Il restera chez la Mémère, grandira assez facilement malgré un début de vie assez perturbé. Il continuera à voir très régulièrement sa "Maman" et au fil du temps appellera ensuite son mari "Papa". Pour moi, ils seront "Mamie" et "Pépé" ...

Dans un autre récit, je relierai les histoires de ma mère et de mon père puis raconterai les recherches qu'ils ont entreprises sur leurs origines.
C'est ainsi que je connais ma tante P....... et bien que je la voie rarement, je crois que je vais bientôt la questionner sur "ma grand-mère" ...

Écrit par Madleine dans Histoires de familles | Commentaires (7)

Commentaires

On se rend compte que les vies de nos parents sont plus romanesques que les nôtres, même si elles sont aussi beaucoup plus douloureuses. Aujourd'hui, on peut choisir le moment de la naissance de ses enfants, ce qui change la donne... voilà d'où vient la mort du roman moderne ! Plus rien à raconter, sauf : on s'est fiancés, mariés, on a fait construire la maison, on a acheté la voiture et quand on a eu tout le confort moderne, on a fait un bébé, puis deux...

Ce qui me frappe aussi, dans ta famille comme dans la mienne, c'est la façon dont les classes sociales sont marquées. Les jeunes femmes pauvres se "placent" comme tu le dis, elles sont les "bonnes" : des proies faciles pour les bourgeois qui les emploient. Le motif de la petite bonne culbutée, mise enceinte et chassée n'est pas une légende.

Écrit par : samantdi | 22 novembre 2005

Répondre à ce commentaire

Comme je suis d'accord avec Samantdi quand elle souligne l'importance des classes sociales marquées! Les petites bonnes, les petits fermiers, les manoeuvres, les soldats de deuxième classe...que de vies bousculées par plus fort que soi. C'est bien , je trouve, de leur donner de temps à autre une place de choix dans nos récits.

Écrit par : alice | 22 novembre 2005

Répondre à ce commentaire

Comme cette note est émouvante. J'adore les histoires de famille, les récits d'antan qui nous apprennent les racines de nos coeurs...

Écrit par : véronique | 23 novembre 2005

Répondre à ce commentaire

Nous sommes bien peu de choses...

Écrit par : Cédric | 23 novembre 2005

Répondre à ce commentaire

Oui ce billet est très émouvant. Merci de ta confiance.

C'est vrai les enfants issus de classe sociale défavorisée avaient la vie dure : les filles étaient "placées", et les garçons aussi en fait : à la ferme, ou dans les familles bourgeoises en cuisine ou comme chauffeur.
Avec comme toute protection de leur enfance leur caractère, leur capacité à résister et à rebondir. Et leur bonne santé.

Écrit par : Fauvette | 23 novembre 2005

Répondre à ce commentaire

Samantdi : Je ne sais pas si de nos jours, il n'y a plus rien à raconter de romanesque ! c'est peut-être (encore que, je ne suis pas du tout sûre) un peu moins triste qu'au début du 20ème siècle où les périodes de guerre ne facilitaient pas la vie des gens ... mais il y a encore des existences (malheureuses ou pas !) moins linéaires que celles que tu décris : mariage, enfants, voiture, maison, ...
Regarde ! ne sommes nous pas les preuves vivantes qu'on n'a pas choisi un chemin tout tracé :) nos amours, nos divorces, nos amants, ... :-)

Alice et Samantdi : les petites gens, j'ai bien peur que ça existe toujours pour être les "proies" des plus forts ... ça peut être maintenant dans le domaine intellectuel, de l'argent à crédit, ...

Véronique : Bienvenue ici (tu sais où ça se situe à peu près !)

Anne : le problème c'est que ce n'est pas quelqu'un que je vois ni à qui je téléphone souvent ! Et pour tout dire, elle m'agace même un peu :-(

Cédric : ... et mon amie la rose me l'a dit ce matin ...
(J'attends ton mail !)

Écrit par : en campagne | 23 novembre 2005

Répondre à ce commentaire

Fauvette : c'est sûr que les enfants d'hier étaient moins choyés que ceux d'aujourd'hui !

Écrit par : en campagne | 23 novembre 2005

Répondre à ce commentaire

Les commentaires sont fermés.