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09 avril 2006

Filiation (5)

La Cousette et le Mécano

Les héros de cette histoire ont 16 et 17 ans au tout début des années 50.
Leur adolescence a été ponctuée d'apprentissage chez différents patrons puis d'embauche dans deux entreprises de la région.
La jeune couturière travaille maintenant dans une usine de confection de vêtements et le blond mécanicien entrera dans une grosse entreprise fabriquant de l'outillage pour garages. Ils habitent à quelques kilomètres l'un de l'autre.

Une certaine insouciance traverse ces années là. La fin de la guerre a apporté un regain d'optimisme et entraîne la jeunesse dans un tourbillon de fête.
Cela ne durera pas longtemps ...

En attendant, il y a effervescence dans tous les villages lors des fêtes patronales.
On fait des processions le dimanche matin. On va à la messe. On pique-nique. On monte des pièces de théâtre.
Et les dimanches soirs, des bals organisés dans des cafés réunissent la jeunesse des villages voisins. On fait connaissance sur les parquets de danse.
Peu ont des voitures. Le moyen de transport le plus utilisé est le vélo pour les filles et des motos pour quelques garçons.
Aucune contraception véritable n'existe à part les "recettes" de grand'mères. Alors débrouillez-vous !
Dansez, embrassez-vous, frôlez-vous, ... mais sans conséquence si possible pour les demoiselles au risque de se voir traitées de filles de mauvaise vie !
(Une jeune fille enceinte en périra malgré un mariage précipité, elle avait utilisé une aiguille à tricoter ...)

La cousette aime rire, danser et surtout chanter. Elle a même paraît-il un beau brin de voix qu'elle excerce sur les chansons d'Edith Piaf.
Elle rencontre un dimanche au bal le jeune mécano qui la toise de sa hauteur. Il "l'emballe" dès ce jour-là sur une valse, un tango ou un paso doble. Nous sommes dans un bal musette. L'accordéon est le roi de ces fêtes.

Mais ce que le jeune homme cherche, elle ne veut pas lui donner ... pas tout de suite voire pas du tout en dehors des liens sacrés du mariage. Nous sommes à la fin de l'année 1954. Ils ont 19 et 20 ans.
Elle ne cède toujours pas ... Il insiste, la laisse choir pendant quelques semaines, s'affiche avec de nouvelles cavalières (moins farouches ?).
Elle assume ses idées et relève la tête. Fait-elle le bon choix ?
Il revient attiré par ce refus. Il s'obstine à vouloir la faire capituler. Elle s'entête.
Seules des promesses et surtout des fiançailles pourraient la faire changer d'avis. Alors il s'incline et parle mariage.
Mais la réalité les rattrape ... Ce sera la séparation forcée.
Est-ce ceci qui soudera leurs sentiments ?

Le service militaire du jeune homme s'est transformé en "voyage" ... La guerre d'Algérie a besoin d'hommes.
Il part, avec une seule idée en tête, revenir le plus vite possible.
Il tentera avec succès d'afficher des problèmes mentaux. Lorsqu'il sera enfermé plusieurs jours sans montre, sans communication, il paniquera et raconte encore aujourd'hui comment la peur s'insinue dans ces moments-là !
Quelques semaines après, il sera de retour à l'hôpital militaire de Dijon où il y terminera jusqu'à la fin de l'année 1957 son service militaire en tant qu'aide-soignant. Il verra revenir tous ces hommes blessés et traumatisés par ce cauchemar ...
Lorsqu'il a de temps en temps des permissions, il revient dans sa famille et retrouve celle qui est maintenant sa fiancée.

Mon père n'a pas encore terminé son service militaire lorsqu'ils se marient le 21 septembre 1957. Il sera démobilisé quelques semaines plus tard.
Ils ne pouvaient plus attendre. Enfin ... ils consomment !
Ma mère m'a toujours affirmé qu'elle était vierge le jour où elle s'est mariée. Je la crois volontiers.

Écrit par Madleine dans Histoires de familles | Commentaires (22)

Commentaires

Où l'on apprend que ton papa était un chaud lapin (je plaisante bien sur !).

Ce que j'aime, c'est que les convives ont l'air heureux sur cette photo alors que je trouve que souvent les photos de mariage sont d'un tristoune.

Écrit par : Vroumette | 09 avril 2006

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Où l'on se rend compte aussi de l'obstination de la femme...et de la force qu'elle peut avoir, la force de son esprit, la force de son amour...j'ai souvent l'impression que les femmes ont un métro d'avance par rapport aux hommes concernant les histoires d'amour...

Écrit par : Pim | 10 avril 2006

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De Mémée 1910 jusqu à la cousette et le mécano, que de chemin parcouru.
C'est simplement dit et totalement passionnant.
Une histoire tellement semblable à celle de tant de familles de notre pays avec toutes ces traces laissées par l'Histoire (avec un grand H celle là).

Écrit par : clement | 10 avril 2006

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Quel caractère, ta maman, en tout cas !

C'est bien d'avoir la chance d'appartenir à une génération où ce genre d'attitude relève uniquement d'un choix personnel, n'empêche.

Écrit par : Anne | 10 avril 2006

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:)

Écrit par : Cécile | 10 avril 2006

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Sacrée femme ta maman ! J'adore ces beaux et forts caractères de femmes d'antan...
Merci pour cette suite
*dit-elle attendant déjà le prochain épisode* ;-))

Écrit par : euqinorev | 10 avril 2006

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C'est drôle, je me rends compte que c'est un sujet que nous n'avons jamais abordé avec ma mère (de la même génération que tes parents). Elle s'est fiancée à 19 ans, mariée à 24 (ses parents exigeaient que mon père ait "une situation" avant le mariage). Je sais juste qu'elle nous a toujours répété qu'il fallait "bien connaître un homme avant de l'épouser".... :-)

Écrit par : Traou | 10 avril 2006

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Ce sont là de très belles histoires, "comme on en fait plus" parce que, comme le dit justement Traou, il est assez rare de connaître l'histoire de ses ancêtres et parents. Je pense que c'est une chance pour les tiens que tu te prêtes à l'exercice... :)

Écrit par : Rose | 10 avril 2006

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Rose : c'est surtout pour mes enfants que j'écris ces histoires. (Et mes parents ne sont absolument pas au courant !)

Traou : 5 ans d'attente pour tes parents et pas de concubinage j'imagine ! Mais comment faisaient-ils ? :-)
Je crois que ma mère pensait être très libre en me racontant tout ça sauf qu'elle concluait en me disant "et fais attention" ! Cela me laissait toujours perplexe sur ce à quoi je devais faire attention ... ou pas ;-))

Véronique, Anne et Pim : ma mère a bien changé ensuite et s'est laissée enfermer dans "les liens du mariage" ! J'essaierai d'expliquer comment ...

Cécile : fatiguée toi ? :-)

Claude : fidèle à mes histoires de famille ?!

Vroumette : pour mon père, la question peut être posée !!! (voir le début de mon blog)

Écrit par : Madeleine | 10 avril 2006

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Joliment raconté, et tellement juste.
C'est vraiment sympa pour tes enfants.

Dis-donc vous aviez des conversations très ouvertes ta mère et toi ; tant mieux.

Écrit par : Fauvette | 10 avril 2006

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c'est frais comme un dimanche à la campagne
*mais je ne peux m'empeché d'avoir une pensée pour Hélène conté par Fauvette dans son dernier post*
je pense aussi à l'histoire d'amour de mes beaux parents, les flirts platonique, la promesse, la guerre, puis les merveilleuses lettres d'amour qu'elle m'a donné... la guerre rend un homme amoureux tres vulnerable, le retour, l'habitude,puis la tendresse remplace la passion.
ils vieillisent ensemble, l'un à côté de l'autre en regardant des photo en en revivant toute ces années à travers ce qu'ils tranmettent...
Pourquoi ai-je l'impression que les choses sont differentes dans les amours modernes, parfois je ne suis plus sur du moment précis où j'ai connu le pères de mes enfants...
j'aime toutes ces histoires de vies d'hommes et de femmes ce sont nos racines et notre héritage...

Écrit par : laparhasard | 10 avril 2006

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Fauvette : ouvertes les conversations avec ma mère ? Oui certainement mais surtout ponctuées de mises en garde ...

Laparhasard : la vitesse, la précipitation de notre société a certainement changé les choses dans nos relatins amoureuses aussi !

Écrit par : Madeleine | 10 avril 2006

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Intéressantes et souvent émouvantes à découvrir ces histoires d'amour d'avant nous ;-) Tu me donnerais presque envie d'écrire sur comment ce fut chez mes parents, enfin surtout chez mes beaux-parents, italiens arrivés en France à l'âge de 15 ans... ce fut très dur et tellement émouvant en même temps. Merci pour ce beau récit !

Écrit par : Pralinette | 10 avril 2006

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quelle force de caractère avait ta maman parce qu'à cette époque il fallait résister à "l'attraction des sens" pour ne pas ruiner sa vie.
et s'il "s'incline" devant le mariage, c'est qu'il était amoureux d'elle. alors, c'est une histoire d'amour, ça fait chaud au cœur. merci !

Écrit par : bailili | 10 avril 2006

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Pralinette : oui raconte nous l'histoire de tes beaux-parents.

Baïlili : la religion était un frein pour ma mère et puis bien sûr le manque de contraception facile !

Écrit par : Madeleine | 11 avril 2006

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J'aime bien ces histoires d'une autre époque, ça me fait penser aux bouquins de souvenirs de Marcel Pagnol :o)) c'est joliment écrit, je vais aller lire le début!

Écrit par : libellul | 11 avril 2006

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C'est drole... Ma mère m'a parlé des débuts avec mon père dimanche aprem... Durant notre petite conversation téléphonique de 2h ...

Chez moi, pas trop de discussion sur le sujet. Juste qu'ils se sont mariés le 12/06/54 et que ma soeur aînée est du 25/12/54 (sic). C'était tabou leur début.
Au fil des années, par d'autres personnes de la famille, j'ai appris que ma mère avait eu beaucoup de succès et que mon père était timide, impressionné aussi sans doute par cette rousse pétulante. Apparemment il a bravé sa timidité ;-)
J'ai appris aussi que ma mère faisait plusieurs km à pied pour voir mon père... Il travaillait dans l'atelier de menuiserie derrière la maison d'une de mes tantes maternelles...
La seule chose que mon père m'ai dit sur leur début fut que, la première fois qu'il vit ma mère, il travaillait sur un cercueil, et qu'en levant la tête il avait vu un ange flamboyant dans la lumière...
Je pencherais plutot pour un petit démon moi... Elle n'a pas été de tout repos la vie de mari de ma mère...

Ce dimanche ma mère m'a surtout parlé du début difficile de leur vie de couple, l'éloignement durant le service militaire de 24 mois... Mon père n'est pas parti de l'autre coté de la méditerranée... Il avait charge de famille... Il n'a eu qu'une seule permission lui permettant de rentrer chez lui... Ma 2e soeur en est la preuve ;-)

Bisous ma Cantalou, et merci de cette belle histoire...

Dis ? Ne pourrais tu leur montrer, hors blog, afin qu'ils se souviennent ? Peut être ont ils finis par oublier...

Écrit par : Erin | 11 avril 2006

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Libellul : j'espère que tu t'y retrouveras au milieu de mon "arbre généalogique" !

Erin : On dirait que ta maman avait moins de scrupules que la mienne, moins de religion peut-être ?! Ce n'est pas moi qui l'aurait blâmée !
Elle est belle l'image de l'ange roux ...
Leur faire lire ? non je ne crois pas que ce soit possible. Après ce qui s'est passé l'année dernière, il y a toujours une "certaine" tension entre eux :-(

Écrit par : Madeleine | 11 avril 2006

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j'aime beaucoup te lire, je me suis soudain sentie en enfance, quand ma grand mere me racontait sa jeunesse, de cette époque où les filles devaient faire attention avant le mariage, de ces mariages de raison aussi (quand la taille de la mariée était déjà arrondie).
Que de chemin parcouru pour nos filles

Écrit par : LA JD | 11 avril 2006

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Les circonstances de la vie ne nous laisse parfois pas beaucoup de choix...

Qu'est-ce que j'aimerais pourvoir ainsi faire le récit de mes ancêtres. Mais je n'en ai pas la matière, quel dommage !

Écrit par : euqinorev | 11 avril 2006

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c'est beau...merci

Écrit par : LN | 11 avril 2006

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La JD : peut-être qu'un certain mois de mai a bien aidé les femmes mais soyons vigilantes !

Véronique : questionne tes parents quand même. Il y a quelquefois des anecdotes familiales qu'on ne connaît pas.

LN : de rien Madame !

Écrit par : Madeleine | 11 avril 2006

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