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25 avril 2012

Aujourd'hui la famille

Je pourrais profiter de cette consigne pour continuer voire terminer les histoires de ma famille.

Je pourrais ...

 

écrit dans le cadre des 366 réels à prise rapide

Écrit par Madleine dans Blog rural, Histoires de familles | Commentaires (5)

07 avril 2009

Filiation (7)

J'avais conclu ce dernier billet de la série par ces mots " Alors ma mère commença d'échafauder son grand projet de recherches ... "

Voici comment elle procéda.

Pendant mon enfance, j'en ai souvent entendu parler.
Il était généralement question de savoir pourquoi une mère abandonne son enfant.

Comment était-ce possible ?
Pourquoi à cinq ans ?
La familles proche, des amies étaient-elles au courant ?
Comment vivait-on avec ce passé ?
Etait-il irrémédiablement gommé, effacé ou bien refaisait-il surface par moment ?
Y avait-il eu d'autres enfants ?
Qui pouvait être le père ?

Je crois que ma mère se posait constamment ces questions.

Devenue mère elle-même, elle voulait savoir, essayer de comprendre peut-être.
Elle n'avait que des bribes d'informations pour échafauder des hypothèses. La date de naissance de sa mère, la sienne, celle de l'abandon à cinq ans, la date du décès de sa mère.

Quand ma grand-mère adoptive est morte en 1974, elle put se consacrer à ses recherches.

Munis des renseignements ci-dessus, nous partîmes en vacances en Alsace.

Je me souviens de la chaleur qu'il faisait ce jour-là lorsque que nous cherchions un nom sur des tombes ...
Nous avions aussi épluché l'annuaire de cette toute petite ville pour y repérer encore ce même nom. Oui il y avait bien des K. ici dans cette rue des Rameaux.
On y est allées ma mère et moi.

Un coup de sonnette en haut d'une volée de marches. Une vieille dame corpulente apparaît mais immédiatement un blocage survient. Elle ne parle presque pas français et nous pas alsacien ! Qu'à cela ne tienne, elle appelle sa voisine à la rescousse, curieuse de ce que lui veulent ces deux étrangères.

Ma mère avec aplomb se présente comme la fille d'une amie qu'une certaine Eugénie K. originaire de I. aurait fréquenté dans les années quarante à Paris.
Ces dames immédiatement réagissent au nom prononcé. Bien sûr qu'elles ont connu Eugénie. La première est même sa belle-soeur ! Dans le dos de ma mère, je n'en mène pas large et regarde discrètement cette femme qui est ma grand-tante par alliance.
Ma mère continue son mensonge bien préparé. Plus rien ne saurait l'arrêter ...

Savez-vous ce qu'est devenue la fille d'Eugénie demande t-elle.
Laquelle lui répond-on après traduction. Vous savez elle a eu trois enfants, un garçon puis deux filles.

En quelques secondes, ma mère apprend qu'elle a des frère et soeurs et nous nous retrouvons pourvues de renseignements qu'il n'est pas encore question de décortiquer. Il faut avant s'assurer qu'on parle des bonnes personnes, faire correspondre des dates, découvrir des prénoms et ... se rendre compte qu'on n'a jamais entendu parler d'une fille née en 1935 !
Ma mère n'ose insister mais arrive à soutirer une dernière indication très précieuse. Le prénom du fils cité plus haut, son âge approximatif et la ville où il habite avec sa femme.
Puis stupeur, la dame nous faisant signe d'attendre, rentre chez elle et en ressort avec une photo où posent trois jeunes femmes visiblement dans les années 20 d'après leur allure. Elle nous fait comprendre qu'elle est sur le cliché et qu'une des deux autres est cette Eugénie.
Ma mère accuse le coup et j'ose à peine regarder cette mère et grand-mère qui nous apparaît pour la première fois dans l'éclat de sa jeunesse ...

Une fois rentrés à l'hôtel avec mon père et mon frère, nous allons considérer toutes ces précisions, se les remémorer, les accepter aussi avec tout ce qu'elles ont d'inconnu mais qui nous le sentons confusément, semble la vérité.
La famille n'a jamais su qu'Eugénie a eu cette enfant là mais pourtant aujourd'hui sur cette vieille photo, ma mère a reconnu sa mère.


Le puzzle est maintenant en cours d'assemblage.
Il faut poursuivre ...

Écrit par Madleine dans Histoires de familles | Commentaires (13)

16 octobre 2008

Filiation (6)

Déjà cinq chapitres écrits pour raconter ces histoires familiales. Il est temps que je continue enfin ... 3 ans après le premier billet !
Ces mots sont lus par des membres de ma famille et peut-être intéresseront-ils les plus jeunes un jour ?
Je reprends donc aujourd'hui le fil de l'histoire.

Le temps a passé pour le jeune couple qui a convolé en 1957.
Un premier garçon, né 10 mois après le mariage, n'a pas survécu à un accouchement très difficile.
A cette époque, pas d'échographie pour se rendre compte que le bébé ne se présentait pas la tête en bas. Le chirurgien au dernier moment, a renoncé à pratiquer une césarienne alors qu'il était encore temps. L'enfant a vécu deux jours, est inscrit sur le livret de famille et ma mère est sortie de l'hôpital meurtrie physiquement et moralement.
Je suis arrivée deux ans plus tard pour panser des blessures encore vives laissées par ce bébé.
Il paraît que mon père complètement rassuré par ma venue souhaitait se contenter d'un seul enfant. Aux personnes bien intentionnées (vous savez, les vielles bigotes à la messe du dimanche matin !) qui me demandaient vers mes quatre ou cinq ans si je n'aimerais pas avoir un petit frère, je répondais que mon Papa ne voulait pas. Et toc ! elles se trouvaient bien ennuyées pour continuer la conversation sur le sujet.
Finalement, je ne sais pas ce qui s'est passé ! lente évolution de l'envie pour mon père talonnée par des demandes plus pressantes de ma mère ou le souffle de l'avant mai 68 ? bref au moment de l'été indien de cette année là, il est arrivé pour la plus grande joie des trois autres.
A nous 4, nous formions la famille que ma mère avait certainement idéalisée petite-fille. Mon pére était moins expansif mais tout le monde savait que ce petit garçon flattait sa fierté paternelle.
Ensuite au début des 70's, nous apprîmes à partager les cadeaux de Noël en trois. Mes parents pour qui la contraception n'était certainement pas au goût du jour furent un peu surpris à l'aube de leur quarantaine mais le petit dernier nous combla tous.

Ma grand-mère nous laissa entre nous cinq l'année d'après ...

Alors ma mère commença d'échafauder son grand projet de recherches ...

Écrit par Madleine dans Histoires de familles | Commentaires (11)

09 avril 2006

Filiation (5)

La Cousette et le Mécano

Les héros de cette histoire ont 16 et 17 ans au tout début des années 50.
Leur adolescence a été ponctuée d'apprentissage chez différents patrons puis d'embauche dans deux entreprises de la région.
La jeune couturière travaille maintenant dans une usine de confection de vêtements et le blond mécanicien entrera dans une grosse entreprise fabriquant de l'outillage pour garages. Ils habitent à quelques kilomètres l'un de l'autre.

Une certaine insouciance traverse ces années là. La fin de la guerre a apporté un regain d'optimisme et entraîne la jeunesse dans un tourbillon de fête.
Cela ne durera pas longtemps ...

En attendant, il y a effervescence dans tous les villages lors des fêtes patronales.
On fait des processions le dimanche matin. On va à la messe. On pique-nique. On monte des pièces de théâtre.
Et les dimanches soirs, des bals organisés dans des cafés réunissent la jeunesse des villages voisins. On fait connaissance sur les parquets de danse.
Peu ont des voitures. Le moyen de transport le plus utilisé est le vélo pour les filles et des motos pour quelques garçons.
Aucune contraception véritable n'existe à part les "recettes" de grand'mères. Alors débrouillez-vous !
Dansez, embrassez-vous, frôlez-vous, ... mais sans conséquence si possible pour les demoiselles au risque de se voir traitées de filles de mauvaise vie !
(Une jeune fille enceinte en périra malgré un mariage précipité, elle avait utilisé une aiguille à tricoter ...)

La cousette aime rire, danser et surtout chanter. Elle a même paraît-il un beau brin de voix qu'elle excerce sur les chansons d'Edith Piaf.
Elle rencontre un dimanche au bal le jeune mécano qui la toise de sa hauteur. Il "l'emballe" dès ce jour-là sur une valse, un tango ou un paso doble. Nous sommes dans un bal musette. L'accordéon est le roi de ces fêtes.

Mais ce que le jeune homme cherche, elle ne veut pas lui donner ... pas tout de suite voire pas du tout en dehors des liens sacrés du mariage. Nous sommes à la fin de l'année 1954. Ils ont 19 et 20 ans.
Elle ne cède toujours pas ... Il insiste, la laisse choir pendant quelques semaines, s'affiche avec de nouvelles cavalières (moins farouches ?).
Elle assume ses idées et relève la tête. Fait-elle le bon choix ?
Il revient attiré par ce refus. Il s'obstine à vouloir la faire capituler. Elle s'entête.
Seules des promesses et surtout des fiançailles pourraient la faire changer d'avis. Alors il s'incline et parle mariage.
Mais la réalité les rattrape ... Ce sera la séparation forcée.
Est-ce ceci qui soudera leurs sentiments ?

Le service militaire du jeune homme s'est transformé en "voyage" ... La guerre d'Algérie a besoin d'hommes.
Il part, avec une seule idée en tête, revenir le plus vite possible.
Il tentera avec succès d'afficher des problèmes mentaux. Lorsqu'il sera enfermé plusieurs jours sans montre, sans communication, il paniquera et raconte encore aujourd'hui comment la peur s'insinue dans ces moments-là !
Quelques semaines après, il sera de retour à l'hôpital militaire de Dijon où il y terminera jusqu'à la fin de l'année 1957 son service militaire en tant qu'aide-soignant. Il verra revenir tous ces hommes blessés et traumatisés par ce cauchemar ...
Lorsqu'il a de temps en temps des permissions, il revient dans sa famille et retrouve celle qui est maintenant sa fiancée.

Mon père n'a pas encore terminé son service militaire lorsqu'ils se marient le 21 septembre 1957. Il sera démobilisé quelques semaines plus tard.
Ils ne pouvaient plus attendre. Enfin ... ils consomment !
Ma mère m'a toujours affirmé qu'elle était vierge le jour où elle s'est mariée. Je la crois volontiers.

Écrit par Madleine dans Histoires de familles | Commentaires (22)

14 mars 2006

Filiation (4)

Reprenons enfin le fil de ces histoires ...
Pour s'y retrouver, on peut lire ce premier billet, puis celui-ci et celui-là.

Il y a donc deux enfants nés en 1934 (le garçon) et 1935 (la fille), à Paris tous les deux, de méres célibataires, abandonnés par celles-ci et arrivés dans la même région, grande pourvoyeuse de familles d'accueil pour ces gosses confiés à l'Assistance publique.
Ils habitent deux villages distants de six kilomètres l'un de l'autre.
Nous sommes à la fin des années 40. Les suites de la guerre donnent du travail à tout le monde ... et on est très loin de notre société actuelle où les jeunes poursuivent des études, tant bien que mal pour certains.
A cette époque là, dans les écoles communales des villages, il y a, à la fin du CM2, les classes de fin d'études qu'on peut suivre un ou deux ans pour passer ensuite le Certificat de fin d'études, en général vers 13 ans.
Après, les adolescents commencent le plus souvent un apprentissage. Peu d'entre eux continuent l'école en allant au collège.
Ceux qui nous occupent ont obtenu brillamment leur certificat. Leurs "familles d'adoption" n'ayant pas leur mot à dire puisque l'assistance publique gérait leur avenir jusqu'à leur majorité, il a été décidé de leur faire apprendre un métier.

Pour la jeune fille, ce sera d'abord "vendeuse". Les guillemets sont là pour souligner que ce terme était fourre-tout. En guise d'apprentissage, elle se retrouvera dans un magasin d'alimentation tenu par un couple. Elle doit apprendre "à vendre". En fait, elle fera le ménage du magasin, celui de l'appartement familial situé au-dessus, emmènera les enfants à l'école, préparera certains repas, servira à table, ... Elle est bonne à tout faire plutôt que vendeuse ! Comme elle a du caractère, cela ne durera pas très longtemps :-)
Son deuxième emploi la verra se préparer au métier de couturière et elle travaillera plusieurs années dans une usine où elle confectionnera à la chaîne des manches de chemisier, des cols de veste, des jambières de pantalon, ... Ce genre d'usines depuis bien longtemps délocalisées ! Mais où il y avait une bonne ambiance ... faite de rires, de chansons, de jeunesse, de confidences entre filles sur leurs amours, de jalousies aussi.

Pendant ce temps, le jeune garçon après avoir quitté l'école s'achemine vers le métier de mécanicien. Il travaille dans un garage dans la petite ville voisine. Le patron qui a un fils du même âge se destinant à reprendre l'affaire familiale par la suite, apprend le métier aux deux garçons. L'apprentissage terminé, il faut trouver un nouvel employeur car celui-ci ne peut le garder. Notre jeune homme s'éloigne de quelques kilomètres dans un autre département voisin.
C'est là qu'il rencontre une toute petite fille de quatre ou cinq ans, fille du propriétaire du garage, qui adore venir voir son papa au milieu des voitures et du cambouis. Elle est habillée d'une salopette et est la coqueluche des ouvriers. Le jeune homme de notre histoire craque comme les autres devant sa bouille. Elle porte un prénom assez rare et qu'il ne connaît pas.
Il se promet de le donner à sa fille si un jour, il en a une ...

C'est pourquoi je m'appelle comme elle :-) C'était aussi le nom de scène d'une grande actrice des années 1900 et dont un square du XXème à Paris garde le souvenir.


Très bientôt, la rencontre entre la couturière et le mécano !

Écrit par Madleine dans Histoires de familles | Commentaires (22)

22 novembre 2005

Filiation (3)

Le côté maternel ayant été évoqué ici et
, je vais poursuivre mes histoires du passé en tentant de raconter la vie de ma grand-mère paternelle (puis celle de son fils) ...

Elle est née en 1900 dans un petit village de l'Yonne.

Elle s'appelait Gisèle.
Mais c'est le peu de choses que je sais d'elle ... Parce qu'il est encore temps que je me renseigne auprès de quelqu'un, je ferai peut-être un effort pour cela ... je dirai comment à la fin de cette note.

Elle s'est mariée sans doute en 1920 et en 1922, elle devient la mère d'une petite P........
Elle habite toujours au même endroit. Mais l'histoire tourne court à la suite de la mort du mari. Les séquelles de la grande guerre étaient trop présentes pour beaucoup d'hommes de cette génération !
La petite fille n'avait alors que 8 ans ... Sa mère pour subvenir à ses besoins, va "se placer" (comme on disait à cette époque) comme bonne à tout faire chez un homme riche, veuf et père d'une petite fille. Vous devinerez sans doute ce qui va arriver ?
En 1934, elle quitte la région et se rend en banlieue parisienne, peut-être accueillie chez une de ses soeurs mise dans la confidence !
Au mois d'août, elle met au monde un garçon qu'elle prénommera R... et qui sera déclaré sous son nom patronymique. Sur l'acte de naissance de mon père figure seulement ces renseignements ainsi que le lieu de naissance : un hôpital dans le 12ème arrondissement parisien ... D'après les documents officiels de l'Assistance publique, il est informé qu'il a été abandonné à l'âge de 15 jours ... et qu'il ne doit pas être baptisé ...

Après, on ne sait pas trop ce qui s'est passé pendant sa tout petite enfance. Il a dû vivre dans des orphelinats puis est arrivé dans la Nièvre vers l'âge de deux ou trois ans. Il est placé dans différentes familles. Dans une, il y reste très peu de temps car ces personnes le font baptiser ! La sanction est alors immédiate.
On le change d'endroit et il atterrit en 1940 chez une vieille dame, veuve et mère de deux grands enfants, mariés tous les deux.
Nous sommes en pleine guerre. Le gendre de cette dame est prisonnier en Allemagne alors sa fille revient vivre près de sa mère. Elle est mariée depuis 1929 mais n'a pas eu d'enfant. Elle a 29 ans et ce petit garçon de 5 ans qui n'a encore jamais dit "Maman" va décider de l'appeler ainsi ! La vieille dame sera appelée Mémère puisque c'est ainsi qu'il entend faire ses deux petits garçons : les enfants de son fils qui passent beaucoup de temps chez elle. Son fils et sa belle-fille habitant en région parisienne, envoient leurs enfants chez leur grand-mère à la campagne où les effets de la guerre sont atténués.
Les trois garçons vont devenir des compagnons de jeux inséparables, maternés par une jeune femme en mal d'enfant, chouchoutés par une grand-mère affectueuse.
Mon père restera donc dans cette maison. La guerre finie, la "Maman" retrouvera son mari et une autre maison mais n'emmènera pas avec elle le petit garçon. Il restera chez la Mémère, grandira assez facilement malgré un début de vie assez perturbé. Il continuera à voir très régulièrement sa "Maman" et au fil du temps appellera ensuite son mari "Papa". Pour moi, ils seront "Mamie" et "Pépé" ...

Dans un autre récit, je relierai les histoires de ma mère et de mon père puis raconterai les recherches qu'ils ont entreprises sur leurs origines.
C'est ainsi que je connais ma tante P....... et bien que je la voie rarement, je crois que je vais bientôt la questionner sur "ma grand-mère" ...

Écrit par Madleine dans Histoires de familles | Commentaires (7)

15 octobre 2005

Filiation (2)

Avant de parler de recherches puis de rencontres, je veux évoquer la vie de celle que j'ai appelée Mémée, celle que ma mère a appelée Maman ...
Elles se sont rencontrées à respectivement 7 ans et 52 ans. Elles auraient pu être petite-fille et grand-mère. Au lieu de cela, un rapport maternel s'est instauré tout naturellement, induit par la plus âgée des deux. Lorsqu'en 1942, la petite fille arrive en pension chez sa voisine, elle est immédiatement séduite par cette petite brune de 7 ans, très bavarde.
Cette femme vit dans une grande solitude depuis quelques mois. Elle a enfilé des habits de deuil qu'elle ne quittera plus.
Auparavant, elle a eu une enfance puis une jeunesse assez austère dans un tout petit village de Puisaye. Comme dans beaucoup de familles, le nombre d'enfants était élevé : elle avait huit frères et soeurs. Elle rencontre son futur mari assez jeune et se marie à 19 ans. Cet homme l'emmène en région parsienne car il travaille, comme on disait alors, aux chemins de fer. Ils habiteront Villeneuve St Georges puis Maisons-Alfort.
Une fille Madeleine naît en janvier 1913. Ma grand-mère exerce alors le métier de couturière pour un petit patron. Elle fabrique des pantalons pour hommes. Je crois que de temps en temps, la petite famille vient passer quelques jours dans la Nièvre puisqu'ils peuvent voyager gratuitement en train.
Puis arrive la grande guerre. Jules, le mari est mobilisé : il avait 29 ans en 1914. Il reviendra en 1918 mais comme beaucoup, très diminué !
La vie se poursuit pour eux mais malheureusement, c'est là qu'il me manque des éléments. Je ne sais pas comment vivait une femme d'une trentaine d'années dans ces années 20. Comment grandissait également la jeune Madeleine ... D'après les photos que j'ai vues, c'était une belle jeune femme au début des années 30 : brune avec la coupe de cheveux à la garçonne très en vogue à ce moment-là ! Elle avait un cousin, coiffeur qui l'engagea dans son salon pour l'aider. Je me souviens également que ma grand-mère racontait que sa fille avait pris des cours par correspondance (cours Pigier qui existaient déjà). Puis la jeune fille rencontre, peut-être grâce à son cousin, un amoureux. Il se prénomme Roger, est coiffeur aussi. Ils se marient au mois de janvier 1934. Nous sommes dans des années sombres où la tuberculose fait encore des ravages. Ce jeune mari meurt en septembre : la même année que leur mariage. Du mariage, Madeleine n'en aura certainement pas connu longtemps les meilleures heures puisque le médecin leur interdira tout rapport dès que la maladie sera diagnostiquée.
Le chagrin est entré dans leur famille. Toujours en manque de précision, je ne peux que donner des dates ...
La jeunesse de Madeleine a fini par surmonter sa peine. Elle se remarie en 1937. Elle épouse à nouveau un coiffeur. Cet homme fils unique et orphelin de père, a une mère très présente et jalouse de cette belle-fille ! Cette belle-fille qui peu de temps après son mariage se retrouve enceinte. Cette grossesse la fatique beaucoup et sa belle-mère ne l'aide pas. Il faut travailler et courber la tête. Au début du septième mois de sa grossesse, elle est de plus en plus exténuée et un jour, elle se cogne le ventre contre le comptoir du salon de coiffure. Elle fait une chute et ... son bébé meurt (c'est ainsi que le racontait ma grand-mère). A partir de ce moment-là, la tuberculose refait son apparition. Elle en mourra en 1938 ...
Quatre ans après, en 1942, le père décèdera du chagrin d'avoir perdu sa fille. Il avait 57 ans. Sa femme se retrouve seule, en pleine guerre et sans ressources. En prévision de leur retraite, ils avaient acheté une petite maison dans cette campagne d'où ils étaient originaires. C'est là qu'elle viendra se réfugier ... c'est là qu'elle rencontrera ma mère ...
Elle prendra donc avec elle en 1944, la petite fille qui vient de se retrouver à nouveau sans foyer. Elles ne se quitteront plus jusqu'à la mort de ma grand-mère en 1974. J'avais 14 ans. Ses obsèques ont eu lieu en ce beau samedi de juin où je venais de savoir que j'avais obtenu le brevet des collèges.
Elle n'a pas eu le temps de le savoir ...
Mon deuxième prénom est Madeleine ...

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Écrit par Madleine dans Histoires de familles | Commentaires (9)

12 octobre 2005

Filiation (1)

A cause de Samantdi ! (le talent pour raconter en moins mais avec je l'espère la même sincérité)


Elle est née en 1910 dans un petit village d'Alsace.
Je ne sais pas comment imaginer ce que fut son enfance ; je n'ai pas assez d'indices. Je n'en ai pas beaucoup plus sur son adolescence et sa jeunesse. Ce que je connais de sa vie est avant tout administratif. Cela se résume à sa date de naissance, ses nom et prénoms, ceux de ses parents puis la date de son mariage et celles de la naissance de ses quatre enfants.
Comment vivait-elle dans ce village d'Alsace qui faisait alors partie de l'empire allemand ? J'aimerais le raconter mais je n'ai même plus de témoins de cette époque pour me donner des renseignements. Toutes ses soeurs sont mortes et lorsque je les ai rencontrées, j'étais trop jeune. Je ne savais pas qu'un jour je me reprocherais de ne pas leur avoir posé de questions ... Je ne peux absolument rien raconter de sa vie de petite fille.
Vers l'âge de 20 ans, elle a dû être amoureuse mais de qui, je ne le saurai jamais. J'aimerais croire qu'elle a succombé aux charmes d'un beau jeune homme et que malgré certains interdits très forts à cette période là (entourage parental, religion, ...), elle a vécu une belle histoire. Mais a t-elle pu être belle longtemps cette histoire sachant que très rapidement elle a été enceinte ? Alors le beau jeune homme n'a pas voulu (ou n'a pas su ?) que le fruit de ses ébats avec la jeune Eugénie soit révélé. Peut-être aussi que le beau jeune homme était un homme marié qui prenait de jeunes maîtresses ? Peut-être que la jeune fille était très volage et qu'elle ne connaissait pas le nom du père de son enfant ?
Alors pour ne pas affronter le courroux de ses parents, les ragots de son village, elle décide très rapidement de partir pour Paris. Comment fait-elle ce choix ? Qui l'accueillera dans la grande ville ? Je sais qu'elle travaillera dans un grand magasin mais rien d'autre. En août 1931, un garçon qu'elle prénomme A.... naît. Dès les premiers mois, les difficultés apparaissent et elle contacte une de ses soeurs restée en Alsace, mariée et qui vient également d'avoir un fils. Que se disent-elles, comment prennent-elles ces décisions, qu'en sait le reste de la famille ? A.... va arriver en Alsace pour vivre chez sa tante. Il a quelques mois et il ne reverra sa mère que lors des obsèques de sa grand'mère vers 1950. Il appellera Maman sa tante A.... Pourtant sa mère a du venir le voir jusqu'en 1934.
Que se passe t-il ensuite pour elle à Paris. Qu'en est-il de sa vie amoureuse ? Voit-elle lorsqu'elle revient en Alsace le père de son fils ? A t-il su cet homme, qu'il avait un fils ? Est-ce de lui qu'elle est à nouveau enceinte à la fin de l'année 1934 ? Puisqu'en juin 1935, elle donne naissance à une petite fille : ma mère.
Mais là pas question d'en aviser la famille ! Personne ne connaîtra l'existence de ce bébé. Elle essaie de garder sa fille avec elle. Etant seule et travaillant, elle la confie à une famille qui l'élèvera jusqu'à l'âge de cinq ans. On a souvent très peu de souvenirs de nos premières années : il revient à la petite juste des prénoms (les parents ou les enfants de cette famille ?) et l'esquisse de visages ou de sourires. Pas de tristesse mais pas de cocon de bonheur non plus ... Juste ... rien ! Ensuite, elle continue sa vie abandonnée par sa mère à l'âge de cinq ans. Elle sera installée par l'Assistance Publique (l'ancêtre des DDASS), dans une première famille dans la Nièvre où elle y restera deux ans. Pas vraiment de la tendresse dans ce foyer d'accueil ! Un des responsables s'en rendant compte la changera de famille. Elle partira à quelques kilomètres de là chez une dame veuve qui pourrait être sa grand-mère. Elle y passera à nouveau deux ans jusqu'au décès de la Mèmère comme elle l'appelait. La maison de la voisine deviendra sa prochaine étape ... et la dernière. Elle aussi n'a plus l'âge d'être une maman mais c'est pourtant ce qu'elle deviendra pour ma mère. Pour la première fois, elle parlera à une femme comme à une mère et on lui répondra comme à une fille.

... demain, je continue ... car ce n'est pas facile ... et c'est encore long ...

Écrit par Madleine dans Histoires de familles | Commentaires (12)